30 juil. 2014

Youssef Ouédraogo «Le show-biz burkinabè est malade de ses hommes»



Youssef Ouédraogo
«Le show-biz burkinabè est malade de ses hommes»


Il a plusieurs casquettes, notamment celles de critique, de journaliste et de promoteur culturel. Chef des programmes de la radio Jeunesse, dans cette interview qu’il a accordée à l’Obs. Dim le samedi 26 juillet 2014 à Ouagadougou, Youssef Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, tire à boulets rouges sur les spéculateurs et revient sur l’origine des FAMA. Il n’a pas manqué non plus d’informer sur les lendemains de l’association des Journalistes et communicateurs pour la Culture (J2C) avant de relever les failles du show-biz burkinabè.




Comment se porte Youssef Ouédraogo ?
Dans mes activités quotidiennes, je vais bien.

Qui es-tu pour ceux qui veulent te connaître davantage ?

Il faut dire que j’ai plusieurs casquettes. Ce qu’il faut retenir c’est que je suis né à la fin des années 70, en Côte d’Ivoire, où j’ai fait mon cursus scolaire avant de rentrer au Burkina après mon baccalauréat. J’ai intégré l’université de Ouagadougou au début des années 2000 d’où j’en suis sorti avec une maîtrise en Lettres modernes. Très tôt j’ai commencé la radio alors que je n’étais qu’étudiant. J’ai été progressivement animateur au niveau de la radio Gambidi, puis stagiaire à Salankoloto, ensuite à la radio Arc-en-ciel et, depuis 2005, j’ai déposé mes valises  à la radio Jeunesse où je suis le chef des programmes. J’ai également collaboré avec certains médias, notamment Star Hebdo, L’Obs. Dim et Ouaga Fm. J’ai aussi des tentacules d’entrepreneur avec Radio 21, la première radio en ligne au Burkina, et je suis promoteur d’un évènement, à savoir les Faso music awards (FAMA). Parallèlement à tout cela, je suis enseignant vacataire des lycées et collèges.

Pour ce qui concerne les FAMA, peux-tu présenter davantage cet évènement dont tu es le promoteur ?

Les Faso music awards (FAMA) se sont déroulés du 5 au 7 mars 2014 pour la première édition. C’est un évènement porté à l’origine par l’association des Journalistes et communicateurs pour la Culture (J2C) pour encourager les acteurs culturels qui œuvrent dans l’ombre. J’avoue qu’au début tous n’étaient pas partants pour cette initiative au vu de l’existence d’autres évènements dans le même genre. Mais j’étais de ceux qui ont pensé que trop de viande ne gâtait pas la sauce. Des manifestations dans le domaine existent où l’accent est mis sur l’aboutissement d’un travail accompli. Nous avons donc estimé qu’il fallait voir tous les maillons de la chaîne, à savoir les producteurs, les éditeurs, les managers, les journalistes culturels, etc. En somme, les FAMA mettent un pan sur les professionnels de la filière musique.

Dans cette manifestation, il existe une distinction des artistes ; ce qui n’a pas manqué pour certaines personnes de qualifier cet évènement d’une réplique des Kundé avec juste quelques modifications. Qu’en dis-tu ?

Je vous informe que nous avons pris le soin de faire un toilettage dès le début. Effectivement, à la naissance
du projet, la comparaison a été vite faite avec les Kundé qui existent depuis près de 15 ans. Ce qu’il faut remarquer, c’est que cet évènement récompense exclusivement les artistes musiciens. Comme je l’ai dit plus haut, nous, nous avons pensé à accompagner les oubliés de la chaîne. Cependant, lorsque nous avons primé un artiste comme FAMA de l’année, le bruit a couru que nous sommes un concurrent des Kundé. Ce qu’il faut retenir, c’est que, cette distinction, nous la donnons à une personnalité de la filière, qu’elle soit artiste ou non, qui aurait marqué par son travail et/ou ses résultats tout au cours de l’année. C’est le jury qui a travaillé et qui a jugé. Tous ceux qui portent certains jugements sur les FAMA doivent être patients, car nous ne sommes qu’à la première édition. Il ne faut pas tirer des conclusions hâtives à partir d’un seul fait. Je reconnais qu’au regard des personnes qui ont été distinguées à cette première édition on peut penser à une similitude avec les Kundé, mais nous sommes inscrits dans une démarche et le temps permettra aux uns et aux autres de comprendre davantage. Je tenais à préciser qu’au niveau de la différence, les FAMA sont un festival qui se déroule sur trois jours avec plusieurs activités. Aussi, en termes de perspectives, l’évènement ne va pas élire domicile à Ouagadougou. Nous irons dans les chefs-lieux de région.

Quels sont donc vos rapports avec les organisateurs des Kundé ?

Nous n’avons aucun problème avec les organisateurs de cet évènement. Je vous informe que j’ai plusieurs fois participé aux Kundé en tant que journaliste et, j’ai même eu l’honneur d’être membre du jury de cette manifestation. En aucun moment les organisateurs n’ont voulu saboter les FAMA. Le promoteur a même souhaité la bienvenue à notre bébé dans des interviews qu’il a accordés. Néanmoins je tiens à le dire que le Burkina est dans une dynamique et qu’il ne faudra pas voir d’un mauvais œil si d’autres manifestations de la même nature et du même acabit viennent à se créer. La différence va résider au niveau de l’organisation, et il faut reconnaître que les Kundé ont réussi pour ce qui concerne cela. La beauté du tapis c’est la mosaïque des couleurs, comme le disait Senghor. La force de notre show-biz serait qu’il y ait beaucoup de manifestations. Il ne faut pas embrigader les esprits pour juste un évènement ou bien qu’il faille que l’un cesse pour que l’autre commence. Non ! Cependant, je suis d’accord qu’au vu de l’absence de sponsors, ça risque de plomber certaines manifestations. Mais nous espérons que les politiques permettront d’avoir davantage d’accompagnements.

Certaines personnes réclament la paternité des FAMA ; qu’en est-il exactement pour ce qui concerne l’origine et l’appellation de l’évènement ?

Si vous ne voulez pas qu’il y ait des spéculations sur vous ou sur vos projets, autant être dans le silence et dans l’inertie. Quand on décide d’entreprendre, il faut s’y attendre. Je vous informe donc que tout ce qui se dit ou s’est dit relève de spéculations que certains individus ont voulu dresser devant nous face à notre projet. Nous sommes conscients de cela et nous travaillons à les contrer. Le projet des FAMA est né dès la création de la J2C (Association des Journalistes et communicateurs pour la Culture) ; à l’époque, nous avions un plan d’actions dans lequel étaient inscrites plusieurs activités. Malheureusement, nous n’avons pas pu toutes les réaliser. L’Agora de la musique chaque 21 juin, Bonjour et plein d’autres étaient dans ce plan par exemple. Cependant, il y avait les Burkina show-biz awards qui se tenaient entre-temps, qui ont eu deux éditions. Avant de lancer les FAMA, nous avons entrepris des démarches pour voir dans quelles mesures mutualiser nos forces dans ce sens. Des réunions se sont tenues mais ça n’a abouti à rien. L’opportunité pour organiser les FAMA s’est présentée et nous l’avons saisie. Je suis de ceux qui pensent que chaque génération doit impacter son temps, n’en déplaise à ceux qui polémiquent. Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que, dans ce pays, il y a du mensonge. Nous n’allons pas rentrer dans ces polémiques, nous laisserons les gens nous juger sur le travail.

Que peut-on retenir de cette première édition des FAMA ?

Ç a été accepté par un grand nombre d’acteurs culturels, même si quelques-uns on été réticents. Il était attendu et ça a fait un effet. Nous avons pu mettre également en avant la musique traditionnelle de chez nous et créer une sorte de courroie entre plusieurs acteurs de ce monde de la musique.

En temps que journaliste culturel depuis près d’une décennie, quel regard portes-tu de nos jours sur le secteur de la culture au Burkina ?

Il y a de plus en plus une professionnalisation du secteur avec des associations faîtières dans les différentes filières. Même les plus incrédules commencent à croire que c’est un secteur porteur au même titre que les autres domaines. Avec un apport au PIB, la culture a désormais un autre égard vis-à-vis des décideurs politiques. Aussi, la consommation musicale a évolué au grand bonheur des créateurs. Une salle comme la maison du Peuple ne fait même plus peur aux artistes et ça c’est vraiment intéressant. Tout est à saluer car il y a un travail qui a été fait par les différents acteurs. Je peux dire que le Burkina est sur la bonne voie.

La J2C dont tu es l’un des pères fondateurs est de plus en plus moribonde ; depuis sa création, en 2007, les instances dirigeantes n’ont jusque-là pas été renouvelées malgré le fait que certains membres ne soient même plus en activité, laissant croire à une monopolisation de la structure par quelques individus. Que se passe t-il exactement ?

En lançant par exemple un projet comme les FAMA, notre volonté était de fédérer les journalistes culturels. Lorsqu’on met une association en place et qu’il n’y a pas d’activités, elle finit par mourir. Les associations professionnelles sont différentes des autres formes d’associations au vu du manque de temps des uns et des autres. Ce sont les évènements qui donnent une seconde vie à ces structures en permettant aux adhérents de se rencontrer plus souvent. Malheureusement, au niveau de la J2C, on était en manque d’activités. On est tombé dans une sorte de léthargie. Nous voulons voir maintenant dans quelle mesure revivifier la structure avec les instances à venir et mettre du sang neuf. Nous reconnaissons qu’il y a beaucoup à faire. Je suis l’un des rares membres fondateurs toujours en activité dans le domaine du journalisme culturel. Je pense que l’avenir de la J2C repose sur la nouvelle génération, mais il est bien de préciser qu’il faut un transfert de compétences certes, mais d’une façon progressive. Ce qui est important pour nous qui sommes toujours à la tête de cette structure, c’est de voir dans quelle mesure organiser une assemblée générale et augmenter les activités. Nous promettons que la J2C va redorer son blason et réorganiser ses instances dans les jours à venir.

On dit du show-biz burkinabè une mer agitée où des requins mangent les petits poissons ; qu’est-ce que tu penses de cette assertion et quelle appréciation fais-tu de ce milieu ?

Ce que je retiens c’est que, dans notre show-biz, il y a une sorte de partialisation. Il faut aussi dire que c’est un show-biz embryonnaire du fait qu’il manque certains maillons de la chaîne. Il y a des tendances et des courants qui minent le secteur. J’ai à mon compteur plus de 200 émissions avec les acteurs clés de ce milieu ; et ça m’a permis donc de comprendre qu’il pêche par son manque de solidarité. Entre les acteurs eux-mêmes, beaucoup n’hésitent pas à se mettre les bâtons dans les roues les uns des autres. Aussi, il y a un problème d’audace parce qu’il manque de grandes actions. Le show-biz burkinabè est malade de ses hommes. Ceux qui tiennent le haut n’ont pas travaillé à assainir le milieu pour donner des coudées franches aux jeunes qui arrivent. Ils ont travaillé à créer des dynasties. Si vous n’êtes pas là-dedans vous êtes broyés. C’est un show-biz qui manque d’humanisme et qui a un visage hideux. Du côté des artistes, voyez vous-même le nombre d’associations. Pourtant, ces dernières ont les mêmes objectifs. De nos jours, il y a des artistes de tel ou tel bord. Au niveau des journalistes il y en a qui travaillent pour consolider les dynasties. Ils reçoivent de l’argent pour écrire et mythifier des gens ou pour combattre leurs confrères. Nous avons un milieu qui a besoin d’être assaini. Le show-biz aura une nouvelle vie avec le renouvellement des générations. Je pense que les plus jeunes qui arrivent ont une autre compréhension et pourront apporter beaucoup à ce milieu.

Une adresse particulière…

On dit que le journaliste fait un travail noble en mettant en orbite certaines personnes. Les médias culturels au Burkina ont travaillé à consolider un secteur, mais le regret est que les acteurs culturels n’ont pas un regard bienveillant à l’endroit de ces derniers. Il faut qu’il y ait une bonne collaboration entre les journalistes et les acteurs culturels et éviter les bisbilles inutiles. Pour finir j’adresse mes sincères remerciements au premier responsable de L’Obs. Dim et à tout le personnel qui, avec ce canal, a permis d’apporter un plus au secteur de la culture au Burkina Faso.

Jérôme William Bationo

22 juil. 2014

Ibrahim Olukunga propose «Ma mère ou ma femme»



Du nouveau dans les salles obscures
Ibrahim Olukunga propose «Ma mère ou ma femme»

C’est une histoire rebondissante que relate Afrimov Productions pour sa 7e production majeure. Intitulé «Ma mère ou ma femme», le film, qui aborde essentiellement  le thème de l’amour, a été projeté en grande première le lundi 21 juillet 2014 au Ciné Burkina.


Comme l’ont montré ces artistes, de la musique au cinéma il n’y a qu’un pas
Floby, Dez Altino et Amity Méria sur le même plateau, c’est le cocktail de vedettes de la musique burkinabè qui, d’entrée, vous interpelle sur «Ma mère ou ma femme». Acteurs d’un jour ou pour toujours, à travers cette production, les artistes montrent un autre pan de leur savoir-faire. La trame du film est la suivante : Floby, alias Trésor Zongo, est un jeune artiste issu d’une famille modeste. Sa mère (Amity Méria), veuve, est très souffrante. Sans moyens, ils essaient ensemble de surmonter les difficultés de la vie quand, un jour, ils tombent sur une bonne volonté, Véronique Paré, la fille d’un riche homme très influent, qui décide de leur apporter son aide. PDG du Groupe Veropa, une grande entreprise,  cette dernière est promise par son père à Max Becker, le fils d’un ancien baron du pays. Dans ses rapports avec Trésor, Véronique ne tarde pas à s’amouracher du jeune artiste. Le quotidien de tous prend une autre tournure. Entre la réalité d’un amour pur, la pression de ses amis Sam Touré et Tom (Dez Altino), Trésor tient la route. Sommé par son père de quitter son amoureux sous peine de se voir déshériter, Véronique s’entête également et quitte sa famille. Malgré toutes les menaces, les deux tourtereaux ne lâchent pas prise dans leur amour. Pour combien de temps ? Véronique tombe malade ; elle souffre d’une insuffisance rénale autant que la mère de Trésor. Devant l’obligation d’offrir un de ses reins à l’une d’entre elles, le jeune artiste est face à un dilemme. Heureusement…, tout ça n’était qu’un cauchemar duquel il se réveille.

Ibrahim Olukunga, le réalisateur
Dans ce film, entre comédie et mélancolie, le réalisateur dépeint essentiellement l’infidélité et les difficultés que doivent traverser certaines personnes pour vivre leur amour. Fiction de 90 minutes, «Entre ma mère et ma femme» braque les projecteurs sur les rapports sociaux entre riches et pauvres. Ce long-métrage d’Ibrahim Olukunga lève aussi le voile sur un coin sombre de la société, à savoir le mariage forcé qui persiste. 

De sa première production, «Au royaume de Zabota», à nos jours, le réalisateur totalise 7 films dans sa vie cinématographique. Il a mis d’ailleurs à profit cette soirée pour s’offrir un «happy birthday» pour ses deux ans dans le domaine de la production. Quant aux nouveaux venus dans le monde des acteurs du cinéma, par la voix de Floby, ils ont promis de ne pas s’arrêter de sitôt. En attendant d’offrir éventuellement un banquet pour ses deux piges, Ibrahim Olukunga a invité les cinéphiles à investir les salles pour découvrir sa nouvelle trouvaille.

Jérôme William Bationo

17 juil. 2014

Idé Mava et «Les trésors du Faso» aux Caraïbes

6e édition de Cap Mod
Idé Mava et «Les trésors du Faso» aux Caraïbes 


La 6e édition de Cap Mod, manifestation dédiée à la mode africaine et caribéenne, se tient du 11 au 27 juillet 2014. Pour la toute première fois le Burkina Faso est présent à cette grande fête avec «Les trésors du Faso», une collection présentée par le styliste Idé Mava.


Prévu pour se tenir du11 au 13 en Guadeloupe, puis du18 au 20 en Martinique et enfin du 25 au 27 juillet 2014 à Saint-Martin, Cap Mod pour 2014 célèbre une fois de plus la mode dans sa diversité. Coiffeurs, maquilleurs, mannequins et créateurs venus des Caraïbes et d’Afrique, au nombre desquels le styliste burkinabè Idé Mava, participent à travers showroom, exposition-ventes et défilés à la 6e édition de Cap Mod, «The afro-caribbean fashion week».


Pays de culture par excellence et plaque tournante de la mode dans la sous-région, on peut dire que c’est sans surprise que le Burkina a été convié à cette fête. Ainsi, le monde verra à cette manifestation «Les trésors du Faso», une collection du créateur Idé Mava, qui sera présentée sous les projecteurs des Antilles. Une œuvre d’une vingtaine de pièces conçues essentiellement avec de la cotonnade du terroir burkinabè. «Le coton est un trésor pour notre pays et nous devons bien l’exploiter», a ainsi expliqué le styliste. En baptisant sa collection «Les trésors du Faso», c’est une manière pour lui d’interpeller les compatriotes sur «la nécessité d’utiliser notre cotonnade pour se faire identifier et pour créer des emplois», a-t-il dit.


Cette collection a nécessité un semestre de travail et présente plusieurs pièces pour aussi bien des défilés en salle que pour la plage. Pour le représentant burkinabè, au vu de l’envergure de l’évènement, c’est une belle opportunité pour lui de faire voler les couleurs du pays. Il n’a d’ailleurs pas manqué de remercier les Burkinabè pour leur confiance et leur soutien. «C’est leur accompagnement qui nous donne la force pour continuer le travail et offrir toujours de belles œuvres», a-t-il fait savoir. Une collection spéciale en objets de récupération sera également présentée par chaque styliste. Une façon pour les organisateurs de contribuer à la préservation de l’environnement. Cap Mod a été institué en 2008 par Lindsey Jeannello et regroupe chaque année spécifiquement des hommes et des femmes de la mode africaine et de sa diaspora.




Jérôme William Bationo

1 juil. 2014

«Rétrospective»: La plume habile d’un autodidacte



«Rétrospective»
La plume habile d’un autodidacte

Personnage secret, homme sensible, Jean Nana est un peintre burkinabè autodidacte, calligraphe de métier, il donne à découvrir «Rétrospective», une collection de peintures, du 27 juin au 23 juillet 2014 à la rotonde de l’Institut français de Ouagadougou.



L’utilisation décalée de la couleur par Jean Nana permet de rehausser l’ensemble de sa composition en mettant l’accent sur certaines zones d’importance. Elle indique aisément à l’œil où se poser et comment circuler dans le tableau. Exubérance, joie, poésie et fête, voilà comment s’exprime ce «poète» de la peinture. Les traits nets, méticuleux et précis, on retrouve beaucoup de douceur, de poésie et de lyrisme dans ses œuvres. Son inspiration ? Il la puise aussi bien dans l’actualité que dans l’admiration de l’art gothique, de peintres de la Renaissance, Tintoret, Titien… tout en regardant du côté de Chagall, Dali et Segall. Jean Nana est amoureux de cet art dès l’enfance, il dessine, des dessins de chanteurs à la mode, sur des crèches de Noël, etc. Comme beaucoup d’autres gosses de son âge. Mais un désir de capturer la société et ses ambigüités naît en lui. Sur ces gravures appliquées à la main a posteriori, la couleur déborde, s’étale, comme pour sortir du réalisme induit par le trait de la gravure, pour insérer du rêve, de la magie, de la légèreté, pour dédramatiser. C’est en se frottant aux expositions présentées dans la capitale, de peintres du continent et d’ailleurs, qu’il connaît ses premières émotions picturales. Une plongée au cœur d’ouvrages d’art prolongera cette découverte. Pour Jean Nana, «la peinture est à la fois une arme pour résister au néant, un moyen d’exprimer l’intime mais aussi de dénoncer ce qui lui est injuste». Une plume habile pour laquelle invitation est faite à découvrir les œuvres jusqu’au 23 juillet prochain. Une peinture sensible, vivante, où humour et gravité se côtoient allègrement.

Jérôme William Bationo