4 mai 2017

« Place à la Révolution » Et maintenant ?

« Place à la Révolution »
Et maintenant ?

Fruit de plusieurs années de travail, « Place à la Révolution » refait le chemin fini ou à poursuivre (selon), de ce qui reste pour le monde « l’Insurrection burkinabè ». Un film documentaire qui fait découvrir des images inédites et une narration particulière, disent beaucoup de ceux qui l’ont vu. Présenté au grand public le 27 avril 2017, sous le regard des leaders du Balai Citoyen, acteurs de premiers dans ce film. D’ailleurs, se référant au titre de ce documentaire, pour ces derniers cette révolution qui a commencé en 1983 n’est pas encore aboutie. 

Les images de la Place de la Nation / de la Révolution sont bien celles d’octobre 2014, et on est alors assuré que les courses dans les rues de Ouagadougou où la caméra ballotée, secouée, qui ne se fixe sur rien ni personne mais qui nous fait vivre l’instant, font partie du même évènement…
« Une Révolution Africaine », dont la référence s’impose d’emblée, mêlait documentaire et confrontation des points de vue des acteurs politiciens. Cependant, « Place à la Révolution » ne montre ni ne rapporte des propos politiciens, ni de personnalités politiques ni des syndicats qui avaient associé leur combat spécifique au mouvement populaire « politisé »… Ni de la marche des femmes qui avait été un moment fort de l’insurrection d’octobre.
Le film est campé autour du Mouvement Balai Citoyen et de ses deux personnages principaux, Smockey et Sam’s K le Jah. « Les frangins », le rappeur incisif et le Rasta reggae, toujours côte à côte dans l’action, sur la place de la Nation devant la foule qui espère, qui s’excite, en octobre 2014, mais aussi dans les réunions de quartiers où ils s’engagent dans l’éveil populaire pour appeler au sursaut, au refus….toujours calmes, pacifiques, mais tellement déterminés.
Le film rappelle que le mouvement a été créé devant la tombe de Thomas Sankara en juillet 2013, et placé dès lors dans la ligne de la lutte du premier CIBAL.
Des gros plans sur des moments de vie entre « camarades » symbolisé par une théière sur des braises, une main qui gratte une guitare, des d’arbres que l’on plante, des témoignages de l’engagement citoyen comme dans la vie de quartier et pour couronné une partie de foot, évoquent l’emblématique Thomas Sankara…
Ses paroles sont reprises en boucle au cours du film et dans les bouches des spectateurs invités à chanter l’hymne national révolutionnaire avant la projection : « La Patrie ou la Mort…Nous vaincrons ! » , « Tuez Thomas Sankara, 1000 Thomas Sankara naîtront », « 1000 fourmis font reculer l’éléphant ».
Et lorsqu’on voit le barrage de boucliers techno-modernes des gendarmes casqués et armés reculer peu à peu devant la pression des manifestants, on voit se réaliser les prémonitions de l’Homme dont on ne retient que la lutte pour la  dignité et la liberté contre le post-colonialisme et la dictature.
Des moments festifs, des moments de lutte déterminée mais « apaisée », culminant avec cette prise de vue d’un jeune, tout souriant et attendri qui soulève de force une vieille femme pour la porter contre son gré, à l’écart de la marche sur l’assemblée nationale... Et d’intenses émotions… Quand la foule se disperse devant les tirs  et les grenades lacrymogènes, Sams’K le Jah s’avance à grandes et calmes enjambées, avec un porte-voix, et sa voix de Rasta décalé, semblant  ne même pas voir les pickups des soldats à deux pas, s’adressant à la foule pour la contenir et pour préparer l’assaut final…, la salle ne peut retenir ses applaudissements.
De toutes façons : « Si tu parles, tu meurs. Si tu ne parles pas, tu meurs. Alors tu fais quoi ? »
« Les prostituées, les mendiants sont déjà dans la rue, alors … ». Hamidou Valian, le slameur fait partie des jeunes voix qui s’élèvent à leur tour avec talent pour poursuivre cette Révolution qui a commencé en 1983 et qui n’est pas encore aboutie, comme le rappellent les deux frangins appelés sur la scène à la fin de la projection.
Le Balai Citoyen est une des dynamiques contestataires qui fleurissent et s’étendent  parmi les jeunesses du continent africain… Raison de plus pour voir ce documentaire palpitant.

Avec la contribution de Lucien Humbert


Qui est l’auteur ?
Kiswendsida Parfait Kaboré dit « Galadio » est né en 1984 à Ouagadougou au Burkina Faso. Il est repéré par le réalisateur Guy Désiré Yaméogo qui l'engage dans l'équipe de son long-métrage Danse Sacrée à Yaka, (2007). Puis, afin de bien s’outiller dans le domaine cinématographique, il entreprend des formations auprès de réalisateurs tels que Gaston J-M Kaboré et Jamel Tahi. Au Lycée, il est cofondateur du ciné-club Gaston Kaboré du Lycée Nelson Mandela. Il opte de se former en montage. Ce qui le conduit à l’Institut Imagine où il bénéficie de plusieurs formations. Après son Baccalauréat, il allie formation, plateaux de tournage et études en droit. Après avoir obtenu son diplôme de maîtrise en droit public international, Kiswendsida Parfait Kaboré répond à l’appel à candidature pour un Master en Réalisation Documentaire de création. En 2012, il est diplômé du master de réalisation documentaire de création de Saint Louis du Sénégal, et il enchainera la réalisation de courts métrages documentaires :
-  Avec Bachir, 2012, 46 min, film collectif
-  Demain L’Afrique ! (sa vision de l'idéal panafricain),2012, 28 min
-  Circulation Ya Yélé, 2014, 26 min
-  A double Tranchant, 2014, 12 min (Université d'été de La FEMIS, France)
« Place à la révolution », est son premier long métrage documentaire. Ce film s’inscrit dans la logique d’une trilogie dont les deux autres films sont dans le circuit de fabrication de films. Il s’agit de « Après ta révolte, ton vote » au stade de montage et « La lutte continue » en écriture.

Fiche technique :

Écriture & Réalisation
Kiswendsida Parfait KABORE
Assistants de réalisation
Eric Wendpouiré SAWADOGO
Boris Wend Yam BONEGO
Image et son
Kiswendsida Parfait KABORE
Montage
Julie COUREL
Yannick KERGOAT
Montage son et bruitage
Valérie DELOOF
Mixage
Pierre CARRASCO
Etalonnage
Laurent-Paul DELPIT
Images additionnelles
Semfilms
Souleymane OUEDRAOGO dit BASIC SOUL
Sons additionnels
Moumouni Jupiter SODRE
Djiba DIALLO
Transcription
Fidele KABORE
Traduction anglaise
Eugène PODA
Sarah L. FLYNG-OUEDRAOGO
Agathe PELTEREAU-VILLENEUVE
Marcelle LAVAU
Sous-titrages et générique
Yasmin YRONDI
Production
Serge Désiré OUEDRAOGO
Corinne CASTEL
Yannick KERGOAT
Affiche
STUDIAX