28 févr. 2015

Fespaco 2015: Timbuktu sera bien là

Fespaco 2015

Timbuktu sera bien là

Le film Timbuktu sera projeté au Fespaco 2015. L'annonce a été faite par le ministre de la Culture burkinabè, Jean Claude Dioma le vendredi 27 février à la veille de l’ouverture du festival. La fiction du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, contrairement aux rumeurs qui circulaient depuis plusieurs jours, reste donc dans la sélection officielle du festival.

Une rumeur selon laquelle Timbuktu pouvait être déprogrammé du Fespaco pour des « raisons de sécurité » circulait sur Internet depuis plusieurs jours. Le président burkinabè avait même demandé aux organisateurs du Fespaco de maintenir la diffusion du film.
Après quelques jours de polémique sur le sort du film, le ministre de la Culture Jean-Claude Dioma a mis fin à toutes les supputations. Timbuktu subira le même traitement que les autres films. Il sera projeté dans les salles pour le grand public et le jury l’appréciera dans les mêmes conditions comme tous les autres films en compétition. 
Revenant sur les origines de la polémique sur la programmation de Timbuktu, Jean-Claude Dioma raconte : « Le film était projeté lors d’un festival en Europe, et Frédéric Korsaga ambassadeur du Burkina Faso en Belgique avait attiré l’attention des autorités burkinabè sur des risques d’attentat pendant la projection et il fallait prendre ces risques au sérieux ».
Afin de permettre un bon déroulement du festival, le ministre burkinabè de la Culture appelle les festivaliers et le public au calme et à la sérénité, car toutes les dispositions utiles sont prises par les services de sécurité burkinabè. 

J.W.B

Fespaco 2015: Les films en compétition

Fespaco 2015
 
Les films en compétition

La 24e édition du plus grand festival panafricain du cinéma et de la télévision démarre ce 28 février 2015 jusqu’au 7 mars prochain à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Parmi les 720 films envoyés, le Fespaco a retenu 134 films pour sa sélection officielle en cinq sections, dont 19 longs métrages en lice pour l’Étalon d’or de Yennenga, la Palme d’or africain.


Compétition long-métrage (Président du jury, le ghanéen Kwaw Ansah) :

  • Abl al Rabi 3(Avant le printemps) d’Ahmed Attef (Egypte), 
  • C’est eux les chiens d’Hicham Lasri (Maroc),   
  • Cellule 512 de Missa Hebié (Burkina Faso),   
  • Des étoiles de Dyana Gaye (Sénégal),   
  • Entre le marteau et l’enclume d’Amog Lemra (Congo Brazzaville),   
  • Lalla Fadhma N’Soumer de Belkacem Hadjadj (Algérie), 
  • Fièvres de Hicham Ayouch (Maroc),  
  • Four Corners de Ian Gabriel (Afrique du sud), 
  • Haïti Bride de Yao Ramesar (Trinidad-et-Tobago), 
  • J’ai 50 ans de Djamel Azzizi (Algérie),  
  • L’œil du cyclone de Salif Traoré (Burkina Faso), 
  • Morbayassa de Cheick Fantamady Camara (Guinée Conakry), 
  • O Espinho da Rosa (the thorn of rose) de Filipe Henriques (Guinée Bissau), 
  • Price of love (Prix de l’Amour) de Hermon Hailay (Ethiopie),
  • Printemps tunisien de Raja Amari (Tunisie),  
  • Rapt à Bamako de Cheik Oumar Sissoko (Mali),  
  • Render to Caesar de Ovbiagele Desmond (Nigéria),  
  • Run de Philippe Lacôte (Cote d’ivoire),  
  • Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (Mauritanie)

Compétition court-métrage (président du jury, la franco guadeloupéenne Firmine Richard)


  • A cœur ouvert d’Ayekoro Kossou (Benin),  
  • Aïssa’s Story (L’histoire de Aissa) d’Essien Iquo (Nigéria), 
  • Ashley d’Ibrahim Ibra Kwizeka (Burundi),  
  • Chambre noire d’Oumar Niguizié Sinenta (Mali),  
  • Cinq boîtes de lait de Siam Marley (Cote d’ivoire),  
  • Coming Home de Marinda stein (Namibie),  
  • Damaru d’Agbor Obed Agbor (Cameroun),  
  • De l’eau et du sang d’Abdelilah Eljaouhary (Maroc),  
  • Derniers recours de Mahi Bena (Algérie) 
  • Jin’Naariya(L’alliance) de Rahmatou Keïta (Niger),  
  • Kamelo de Jean-Claude Bourjolly (Haïti),  
  • Kwaku Ananse d’Akosua Adoma Owusu (Ghana),  
  • La Boucle(The loop), de Didier Cheneau (Ile de la Réunion), 
  • La dot, de Tahirou Tasséré Ouédraogo (Burkina Faso), 
  • Les avales du Grand Bleu, de Kossivi Tchincoun (Togo) 
  • Madama Esther, de Luck Razanajaona (Madagascar), 
  • Malika et la sorcière de Boureima Nabaloum (Burkina Faso), 
  • Moane Mory(L’enfant unique) de Pacôme Amédée Nkoulou Allogo (Gabon), 
  • Muruna de Moly Kane (Sénégal), 
  • Soeur Oyo de Monique Mbeka Phoba (RD Congo), 
  • Twaaga de Cédric Ido (Burkina Faso),  
  • Zakaria de Leyla Bouzid (Tunisie).

Compétition documentaire(Le sénégalais William M’Baye et la française Laurence Attali président le jury) 

  • 10949 femmes de Nassima Guessoum (Algérie),  
  • Ady Gasy(The Malagasy way) de Nantenaina Lova (Madagascar),  
  • Asni : Courage, passion and glamor in Ethiopia de Samuel Rachel (Ethiopie),  
  • Beats of the Antonov de Hajooj Kuka (Soudan),  
  • Devoir de mémoire de Mamadou Cissé (Mali),  
  • Egypt’s Modern Pharaons(les Pharaons de l’Egypte moderne) de Jihan El Tahri (Egypte), 
  • Esklavaj Reparasyon(Réparation de l’esclavage) de Jean-Luc Sylvain et Michel Miheaye (Togo/France ),  
  • Intore, entre la danse et l’art de la guerre de Aristide Muco et Aristide Katihabwa (Burundi),  
  • Koukan Kourcia, les médiatrices de Sani Elhadji Magori (Niger),  
  •  La sirène de Faso Fani de Michel K. Zongo (Burkina Faso),  
  • La souffrance est une école de sagesse d’Ariane Astrid Atodji (Cameroun), 
  •  Le chant des tortues de Jawad Rhalib (Maroc),  
  • Mantuila, un fou de la guitare de Michée Sunzu Tshimanga (RD Congo),  
  • Miners Shot Down de Desai Rehad (Afrique du sud), 
  • Momsarew(Le pari de l’Indépendance) d’Alassane Diagne (Sénégal),  
  • Paths To Freedom de Richard Pakleppa (Namibie),  
  • Sur les chemins de la Rumba de David-Pierre Fila (Congo Brazzaville),  
  • Sur un air de révolte de Franck Salin (Guadeloupe), 
  •  Tango Negro, ‘’les racines africaines du tango’’ de Dom Pedro (Angola),  
  • Victorieux ou morts mais jamais prisonniers de Mario L. Delatour (Haïti)

Compétition série TV (présidente du jury, la franco guadeloupéenne Firmine Richard)

  • « Eh les hommes ! Eh les femmes ! » de Woye Apolline Traore (Burkina Faso),  
  • Chroniques africaines de Marie-Christine Zmon (Cote d’Ivoire),  
  • Cœurs errants de Sorel Agbodemakou (Benin),  
  • Courses pour la vie de Francis Zossou et Tiburce Bocovo (Benin),  
  • Dougouba Sigui de Boubacar Sidibe (Mali),  
  • Du jour au lendemain d’Adama Roamba (Burkina Faso),  
  • La belle-mère d’Ebenezer Kepombia (Cameroun),  
  • Lex Nostra de Gérard Désiré Nguele Amougou (Cameroun), 
  • Tôt ou tard de S. Bernard Yameogo (Burkina Faso),

Compétition film des écoles(Le sénégalais William M’Baye et la française Laurence Attali président le jury)

  • ABC, Abloni bien choisi de Tchilalo Bebei Solo (Ecole supérieure des études cinématographique,Togo),  
  • Croix d’Agadez d’Amadou Dénis Paraiso Roufay Charifatou (Institut de formation aux techniques de l’information et de la communication, Niger),  
  • Délestage électrique de Karim Koné (Brico Films Formation, Mali),  
  • Dinan de Senami Kpetehogbe (Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel, Benin),  
  • Elise de Saho Venance Simon Zoh (Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel, Bénin),  
  • Et si Dieu avait tort ? de Palayikem Kpatchaa (Ecole supérieure des études cinématographique, Togo),  
  • Je danse, donc je suis d’Aissata Ouarma (Institut supérieur de l’Image et du Son/studio école, Burkina Faso),  
  • Kadi (Lantern) de Lawrence Agbetsise (National film and television institut, Ghana), 
  •  Kanko l’Ixelloise de Boubacar Sangaré (Institut supérieur de l’Image et du Son/studio école, Burkina Faso),  
  • Karité, mane des savanes d’Abossi Abenan Felicia Kouakou (Groupe BLM Formation, Côte d’Ivoire),  
  • Liberté emprisonnée de Sara Mikayil (Ecole supérieure des Arts visuels de Marrakech, Maroc),  
  • Sagar de Pape Abdoulaye Seck (Ecole supérieure des Arts visuels de Marrakech, Maroc),  
  • Stigmate d’une prêtresse de Prince Kong A. Maneng (Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel, Benin),  
  • The Traveller(Le voyageur) de Peter Sedufia (National film and television institut, Ghana),  
  • Wakman de Sékou Oumar Sidibé (Institut supérieur de l’Image et du Son/studio école, Burkina Faso)

Jérôme William Bationo 




20 févr. 2015

Art contemporain: Ces 10 Africains qui comptent au niveau mondial

Art contemporain

Ces 10 Africains qui comptent au niveau mondial


Galeristes ou commissaires d’expositions, ces Africains, artistes cotés, ont un rayonnement international. Ils exposent chez eux et à travers le monde, qu’ils appartiennent à la diaspora, soient ancrés dans leur pays ou en mouvement entre plusieurs continents. Leurs travaux parlent du passé colonial et de la post-colonie, mais reflètent aussi l’Afrique d’aujourd’hui : un continent créatif, reconnu et décomplexé.


Okwui Enwezor, la sommité

Basé à New York, ce natif de Calabar, au Nigeria, a fondé en 1994 le magazine d’art africain contemporain NKA, à New York. Directeur de la seconde Biennale de Johannesburg (1996-98), puis de la Documenta à Kassel (Allemagne, 1998-2002), des Biennales de Séville (Espagne, 2005-07) et Gwangju (Corée du Sud, 2008), il a aussi été le commissaire général de la Triennale à Paris (Palais de Tokyo, 2012). Cet esprit ouvert dit s’intéresser aux « changements historiques en cours dans les domaines de l’art, de la politique, de la technologie et de l’économie ». Directeur depuis 2011 de la Haus der Kunst (Maison de l’art) de Munich, il a été nommé directeur artistique de la prochaine Biennale de Venise, qui ouvrira en mai 2015. La consécration.

Sindika Dokolo, grand collectionneur

« Si nous ne disons pas au monde ce que nous sommes, si nous ne montrons pas le meilleur dont nous sommes capables, nous ne mettrons jamais un terme à l’incompréhension et à la condescendance ». Le mari d’Isabel dos Santos, fille aînée du président de l’Angola et richissime femme d’affaires, rêve à 42 ans de créer un musée d’art contemporain à Luanda, qui serait le premier du genre en Afrique. Né à Kinshasa d’un père congolais et d’une mère danoise, il a grandi à Bruxelles et Paris. Il est rentré au Zaïre en 1995 auprès de son père banquier, et y est resté après la chute de Mobutu. Grâce à ses propres activités dans le ciment, les telecoms, les mines et le pétrole, il a acquis plus de 1 000 œuvres d’art. Il les montre au public depuis qu’il a lancé une Triennale des arts à Luanda, en 2004.

Yinka Shonibare MBE, chevalier de l’Empire britannique
 
Cet artiste nigérian de 52 ans, très coté, a vu son travail mis en valeur en 2002 par Okwui Enwezor à la biennale de Venise, puis par Simon Njami dans l’exposition Africa Remix. Il vit à Londres, où il est connu pour ses habits victoriens faits en wax, ce fameux pagne « africain » qui ne l’est pas tant que ça… Tout est parti, explique-t-il, d’une question que lui a posée un jour l’un de ses professeurs d’art britannique : « « Pourquoi tu ne fais pas de l’art plus africain ? » Mais je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire. Et puis je suis allé au marché où je me suis renseigné sur le wax. J’ai appris que ce tissu a été fabriqué en Hollande à partir de motifs indonésiens, pour être finalement vendu à l’Afrique de l’Ouest où il est devenu très populaire. Donc, ces tissus sont multiculturels, comme moi. Les utiliser, c’est comme une blague : “Regardez ce que c’est l’Afrique typique !” ». Fait chevalier du « Plus excellent ordre de l’empire britannique » en 2004, il en ajoute les trois lettres (MBE) à son nom depuis, comme pour mieux en souligner l’ironie.

Simon Njami, découvreur de talents
 
« Quand on cherche l’Afrique dans l’art, on cherche quoi, à part des présupposés ? » Né en 1962 à Lausanne de parents camerounais, il a découvert sa « négritude » à Paris, adolescent. Une notion qu’il ne cesse de remettre en question depuis. Romancier à 23 ans, il a co-fondé à 29 ans, en 1991, le magazine d’art Revue noire, avec ses amis Jean-Loup Pivin et Pascal Martin Saint-Léon. Directeur des Rencontres africaines de la photographie de Bamako (2001-07), il a été commissaire en 2004 d’Africa Remix, une grande exposition qui a tourné trois ans et contribué à mettre l’Afrique sur la carte du monde de l’art contemporain. Tout en travaillant à son prochain roman, il a réuni en 2014, au Musée d’art moderne de Francfort, une cinquantaine d’artistes africains -pour moitié inconnus- autour de La divine comédie, un texte de Dante. Leurs interprétations de l’enfer, du purgatoire et du paradis font salle comble et tournent à travers le monde.

Romuald Hazoumé, installations à clés

Installé au Bénin, il s’est fait connaître avec ses masques faits à partir d’objets récupérés, bidons d’essence ou aspirateurs. L’une de ses dernières installations montre 2 000 cadenas fermés sur la jupe de la « déesse de l’amour », qui garde les clés comme des bijoux à ses oreilles et autour de son cou. « Dans le vaudou, c’est un acte très grave de fermer un cadenas et de jeter la clé », explique cet initié. Une pratique pourtant courante, sur certains ponts de Paris… Très coté, Hazoumé, 52 ans, fait partie avec le peintre congolais Chéri Samba de l’écurie de la galerie parisienne André Magnin. Il irrite parfois le monde de l’art. « Ce n’est pas parce que nous sommes Africains que nous devons nous dévaloriser, dit-il. Nous avons les moyens de faire les choses correctement ! Je refuse d’aller à la Biennale des arts de Dakar, parce qu’elle est très mauvaise… »

Linda Givon, galeriste à Johannesburg
 
Sa galerie Linda Goodman, du nom de son ancien mari, à Johannesburg, reste une adresse incontournable. Linda Givon, Sud-Africaine blanche de 78 ans, l’a fondée en 1966, contribuant à lancer nombre de talents noirs et blancs. Concurrencée depuis 2003 par les galeries Stevenson au Cap et Momo à Johannesburg, rachetée en 2008 par l’ex-consultante en finances et productrice de cinéma Liza Essers, la galerie reste la reine quand il s’agit de faire la cote d’un nouvel artiste. C’est chez elle que le tableau controversé du peintre Brett Murray, qui montrait le président Jacob Zuma nu, en exhibitionniste, a été vandalisé en 2012. Dans son catalogue figurent 40 talents, des illustres aînés William Kentridge et David Goldblatt aux jeunes en plein essor, comme le photographe Mikhael Subotzky, 33 ans, en passant par les quadragénaires confirmés : le peintre Moshekwa Langa et le plasticien marocain Mounir Fatmi.

Mounir Fatmi, le pouvoir de la déconstruction
 
Etabli à Tanger, Lille et Paris, ce vidéaste et plasticien marocain de 44 ans cultive l’art de mettre les pieds dans le plat. Partout où il monte ses installations, il donne à réfléchir et pose des questions. Sur l’islamisme, il a notamment réalisé une série intitulée « Save Manhattan », où il installe, entre autres, des volumes du Coran comme des Twin Towers, sous la légende : « Comprendra bien qui comprendra le dernier ». Sa biographie officielle indique qu’il « traite de la désacralisation de l’objet religieux, de la fin des dogmes et des idéologies », mais aussi de la « mort de l’objet de consommation ». Cet homme qui refuse d’être « aveuglé par les conventions » montre son travail en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Trois régions du monde où il a reçu des prix.

Mary Sibande, variations autour d’une robe bleue
 
L’identité, tel est le thème central du travail de cette Sud-Africaine de 34 ans, basée à Johannesburg et représentée par Momo Gallery. Fille et petite-fille de « maid », ces employées de maison qui portent toujours des uniformes pour servir dans les familles blanches, elle s’est créé un personnage : Sophie, son « alter ego », mise en scène dans ses installations, est vêtue d’un vêtement hybride. Une grande robe victorienne de couleur bleue ou violette, surmontée d’un tablier blanc de bonne. Titre moqueur de l’une de ses dernières expositions : « The purple shall govern », un jeu de mot entre la couleur violette et « The people shall govern » (Le peuple devra gouverner), un slogan de la lutte contre l’apartheid.


Koyo Kouoh, commissaire d’exposition axée sur la « matière première »
 
Installée depuis 1996 à Dakar, cette Camerounaise a étudié la finance et l’administration bancaire, mais a vite changé de voie. Directrice des Arts et de la culture à l’Institut de Gorée (1998-2002), commissaire indépendante lors des Biennales de Bamako en 2001 et 2003, conseillère culturelle pour l’ambassade américaine au Sénégal (2003-08), elle a ouvert en 2011 un centre d’art: Raw Material Company (« Compagnie de la matière première »). Sollicitée à Londres, Amsterdam et New York, Koyo Kouoh estime elle aussi que « l’art est politique, même si les gouvernements et les sociétés africaines ne le perçoivent pas comme tel ». L’important pour elle commence à la base : « L’artiste du quartier doit être reconnu comme le cordonnier ou le boutiquier pour son rôle dans la société. » Elle fait partie, avec Bisi Silva au Nigeria, Marilyn Douala Bell au Cameroun et Marie-Cécile Zinsou au Bénin, d’une nouvelle génération de femmes qui montent des centres d’art.

Omar Victor Diop, l’étoile montante du portrait
 
D’abord connu pour ses portraits d’artistes à Dakar et ses images de mode futuriste, il vient d’entrer en orbite dans le monde de l’art, à 33 ans. « N’exagérons rien, je n’ai pas non plus reçu le Prix Nobel », sourit-il. On le compare à Seydou Keïta ou Samuel Fosso, un photographe camerounais qui a fait des séries d’autoportraits. Il fait des jaloux, mais il trace sa route. Sa dernière série, « Diaspora », a fait sensation à Paris Photo en novembre. Dans ces douze autoportraits, il revêt les habits de personnages noirs devenus des personnalités en Europe, du temps de l’esclavage et des colonies. Ses tirages limités se sont vendus comme des petits pains. Parmi ses acheteurs, un certain Lilian Thuram, touché par son propos. Ses héros méconnus des XVIIe et XVIIIe siècle portent en effet des accessoires de… football. Un clin d’oeil à une autre forme d’excellence africaine, plus contemporaine.

 

source:rfi.fr