Le collectif ACMUR forme
Bientôt un Centre
régional des arts pour l’espace public
Entrant dans le cadre d’un
de ses objectifs principaux notamment celui de la démocratisation de l’art, le
collectif Association Arts,
Clowns, Marionnettes et Musique dans nos rues (ACMUR) a organisé un atelier de
formation au cours du mois de juin 2017 dans la ville de Bobo-Dioulasso. Regroupant
des acteurs culturels venus de plusieurs pays d’Afrique, cette
rencontre s’inscrit dans la dynamique de la mise en place d’un Centre régional
des arts pour l’espace public très prochainement dans cette ville de Sya.
Le coordonnateur, Philippe Chaudoir, félicitant un participant |
Installer les bases d’un centre d’incubation de compétences
dans les domaines des arts dans l’espace public, c’est en cela qu’a constitué
le premier atelier de formation du genre, initié par le collectif ACMUR avec l’appui
de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du 12 au 20 juin
2017.
En effet, depuis quelques années, avec le festival « Rendez-vous
chez nous » porté par le collectif ACMUR, il a été accueilli plus de 25
créations de collaboration sur lesquelles il y a à peine 5 issues directement d’Afrique
de l’Ouest. La majorité étant celles entre des artistes de la sous-région et des
Européens. « On avait envie de développer un processus d’écriture en
Afrique de l’Ouest à partir d’artistes d’ici. Nous n’avions pas envie de
reproduire des propos importé, car en quelques sortes les artistes Burkinabè,
Maliens, Ivoiriens, etc. sont ainsi la main-d’œuvre de projets européens »,
a d’emblée expliqué Philippe Chaudoir, le coordonnateur de l’atelier. Pour lui,
le collectif ACMUR, à travers cette activité, veut que des projets émergent et
se développent dans la sous-région et parle des problématiques contemporaines
africaines. Cet atelier s’inscrit donc dans la logique d’une longue série de
formations et de créations.
En sus « nous voulons donner plus de vie au Centre
Siraba qui nous a accueillis. Depuis quelques années nous l’expérimentons à
travers une collaboration, mais cette formation est aussi la base pour nous de lancer
un Centre régional des arts pour l’espace public » qui aura comme vocation
de travailler sur les arts dans la rue à l’échelle ouest-africain voir de tout
le continent, a confié le coordonnateur.
Photo de famille des impétrants avec les formateurs |
10 acteurs culturels
bien outillés pour commencer
Ainsi, dans le cadre de cette activité, une dizaine de
participants venus du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger, du Tchad
et du Burkina ont bénéficié de connaissances d’écriture sur les arts de la rue.
Il faut dire que les arts en Afrique de façon générale ont toujours été
« dans les rues », où ils sont le plus développés. Mais pour cet
atelier il a été question d’une approche d’écriture contemporaine, a fait savoir
le formateur principal, Camille Amouro, venu du Bénin.
« Je dirai que c’était une rencontre de partage de
connaissances sur l’espace public et la scénographie urbaine ». Aussi, sur
la présentation de la forme d’un projet d’écriture en espace public afin de
cerner la différence entre un spectacle en salle et celui dans l’espace public.
« Chaque participant a travaillé sur un projet personnel. Ils sont très
divers et tiennent à la fois des traditions ou de l’origine de chacun mais
également de la volonté d’une écriture contemporaine », a expliqué Camille.
Dans une belle ambiance, les participants n’ont pas manqué de
manifester leur enthousiasme d’avoir pris part à cet atelier. Une aventure qui
démarre pour beaucoup, et des projets en commun sont d’ailleurs nés de la
rencontre des uns et des autres. C’est ainsi que Bonaventure Madjitoubangar du
Tchad s’en va réjoui de ce conclave sur les arts de la rue. « La grande
richesse que j’ai tiré de cette formation, c’est celle rassemblée à travers les
participants venus de différents pays et notamment de cultures diverses. Car cela nous a permis de nous connaitre dans
le domaine des arts mais aussi humainement. Ces échanges ont permis de partager
nos difficultés rencontrés sur le terrain afin de mieux continuer dans un bon élan pour mettre en
place un processus de création dans le cadre d’une plateforme ».
Satisfecit général
Rahilatou, participante venue du Niger |
Motif de satisfaction donc pour les participants qui ont
surtout apprécié la méthodologie. « J’ai beaucoup appris. En tant que
comédienne qui a déjà beaucoup joué dans la rue avec une compagnie, cet atelier
m’a beaucoup émerveillé. J’ai assisté à plusieurs formations mais je n’avais
jamais assisté à une de ce genre pour l’écriture dans l’espace public. Et là j’ai
appris quelque chose d’immense » s’est félicitée Rahilatou du Niger. Et d’ajouter que « la méthodologie,
m’a beaucoup émerveillé car ce n’était pas comme on a l’habitude de le voir à d’autres
formations où on se retrouve seulement entre quatre murs, mais c’était vraiment
bien élaboré avec bien d’enseignements pratiques ».
Pour le formateur, Camille Amouro, tout aussi satisfait du
déroulement des travaux, ce qu’ACMUR a fait est un travail remarquable. « En
constatant avec eux qu’en Afrique francophone il est possible de travailler de
cette manière ça me donne beaucoup d’espoir. C’est une semence qui va permettre
un bon en avant dans la vision de la fonction de l’artiste en Afrique », s’est-il
réjoui.
Le seul bémol, pour beaucoup d’entre eux c’est la durée de la
formation qu’ils trouvent minime. « J’aurai souhaité que la période soit
plus longue pour nous permettre d’avoir davantage d’outils », a regretté
un peu Rahilatou.
Néanmoins, si tout est au mieux pour le maximum c’est grâce à
l’abnégation des organisateurs qui pensent avoir atteint leur but. « J’ai
participé à l’ensemble de la formation et c’était vraiment passionnant, car du
rôle de coordonnateur de l’atelier je me suis retrouvé de pleins pieds comme
participants actif et cela était intéressant. J’ai donc trouvé le contenu extrêmement
riche par la qualité des participations. En tant qu’organisateur je crois que
nous avons parfaitement rempli nos objectifs qui étaient que les participants
entrent dans le processus d’écriture et de création dans l’espace public. On a
déjà des projets presqu’aboutis et surtout une envie commune des participants
de continuer ensemble ce travail », foi de Philippe Chaudoir. Toute chose
qui augure de nouvelles perspectives car, dit-il, « nous espérons de cela
qu’émergent plusieurs spectacles que nous pourrons ensuite programmer à « Rendez-vous
chez nous » mais aussi dans divers festivals en Afrique de l’Ouest ».
Jérôme William Bationo