«Paysages
urbains»
Un autre regard sur nos cités
Les œuvres présentées dans le cadre de l’exposition «Paysages urbains»
proviennent de séries de photos de six photographes venus de quatre (04) pays
d’Afrique. Initiée par le Goethe-Institut, dans le cadre de la 3e
édition du Carrefour des arts plastiques de Ouagadougou, cette exposition
montre un autre visage, familier mais peu connu, de différentes villes du
continent.
Découverte et admiration de cités contemporaines
Nous ne prêtons que peu
d’attention au paysage urbain. Les bâtiments, blocs de béton, ne nous évoquent
rien, nos yeux ne se posent jamais sur les routes que nous foulons et même les
visages des riverains que nous croisons, très peu éveillent notre attention. A
travers l’exposition «Paysages urbains», c’est une vision d’un temps devenu
immortel sur la vie de tous les jours dans l’espace public qui est donné à
découvrir. Plusieurs dizaines de photographies couleurs et noir-blancs
représentant des faces peu ou mal connues de Ouagadougou, de Lagos, de Luanda
et d’Addis-Abeba, c’est la scène qu’elle offre.
Représentation de moments fugaces, ces
photographies permettent de transmettre les traces d’une existence de quête, de
découverte et d’admiration. Comme le dit Valérie Jouve, photographe
de la scène de l'art contemporain. «Je ne suis
pas préoccupée par l’œuvre, mon intérêt pour la photo, c’est qu’elle permet de
remettre en mouvement le réel, de le déplacer complètement». Les œuvres des artistes montrent ainsi ici les visages et le
regard de ces cités contemporaines. A travers elles, des instants ainsi que les
détails des vies quotidiennes de ces villes.
Des photographes «chasseurs» du temps
Avec ces «Paysages urbains», le
temps s’arrête pour donner à découvrir cette routine citadine de tous les jours,
cependant qui passe inaperçue, à travers les clichés d’Adeola Olagunju du
Nigeria, de Délio Jasse de l’Angola, d’Eyoeal Kefyalew de l’Ethiopie et du
Burkina Faso, Michel T. Zangré, Ousmane Belem et Saïdou Dicko. Ici, les photographes partagent leurs
quotidiens et parviennent également à créer une distance et à regarder avec
émerveillement les villes au sein desquelles ils évoluent, comme s’ils les
découvraient pour la toute première fois. Du tourbillon d’activités d’ «Une
journée dans la vie d’Henry» de la dans
la ville de Lagos au «Silence des marchés » de la cité an II à
Ouagadougou, tout dans ces images est enveloppé dans une dimension de calme
suspendu, comme si les villes c’étaient figées dans ces scènes. Des beaux
bâtiments de Luanda avec «Terreno ocupado», aux «Rues à Addis-Abeba» ou encore
sous les «Lumières sur la ville» du soleil couchant de Ouagadougou, ces images
coexistent pour offrir un paysage urbain unique dans le regard du visiteur. En
offrant des clichés de paysages et des architectures des villes, de la
dynamique des cités à travers leurs populations ou juste des ombres, les
photographes explorent de Ouagadougou à Addis-Abeba en passant par Lagos et
Luanda, l’espace entre les différentes contrées d’un bout à l’autre du continent
africain. Une invitation à parcourir à leur côté les rues d’ici et d’ailleurs à
travers des paysages urbains.
Paysages urbains et processus de métropolisation
S’il faut accepter l'idée que
l’urbanisation est incontournable dans le monde et en Afrique en particulier, à
l’heure de la métropolisation, la relation de l’urbain à la
nature est éminemment problématique. L’exposition «Paysage urbains»
montre ainsi toutes les dimensions de ce processus de transformation, à la fois
économique, politique, sociale et culturelle.
Jusqu’à 2050, plus de 60% de la
population mondiale vivra dans des villes. Cependant, c'est en Afrique que l'urbanisation du monde est
aujourd'hui la plus violente. Sous l'effet de l'exode rural et d'une natalité
très élevée, les villes y passeront de 350 millions d'habitants en 2005 à 1,2
milliard en 2050 alors que 165 millions de citadins vivent déjà dans des bidonvilles
en Afrique subsaharienne. Une explosion urbaine qui se propage sans planification, sans moyens et
sans règles. Le regard de «Paysages urbains» donne ainsi une idée de
cette mutation qui se fait dès lors, surtout sur les plans social et culturel.
Cette exposition interroge
également sur le devenir de ces villes qui vont grandissantes. La question de
la croissance et de la gestion des villes africaines n'est généralement abordée
que sous un angle exclusivement dramatique. Les images que l'on projette sur
ces villes illustrent très souvent des scènes de désordre et/ou de chaos. Urbanisation
sauvage, bidonvilles, problèmes d’assainissement, etc. En opposition, un autre
regard que montrent ces «Paysages urbains», qui méritent sans doute le détour.
Jérôme William
Bationo
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