Thekla Worch-Ambara, directrice du Goethe Institut
«Ouaga 2013, notre meilleur chantier »
Installé au Burkina Faso depuis 5 ans, le Goethe Institut contribue à
la découverte de la Culture allemande et au développement de la nôtre à travers
plusieurs collaborations avec des structures locales et diverses activités,
notamment des expositions, des projections de films, des soirées de spectacles,
etc. Pour connaître davantage cette institution, nous sommes allé à la
rencontre de la directrice de cet espace, Thekla Worch Ambara, le lundi 15
juillet 2013 à Ouagadougou.
Qui êtes-vous pour nos lecteurs ?
Je suis Thekla Worch Ambara,
directrice du Goethe Institut, le Centre culturel allemand qui existe au
Burkina Faso depuis 2008.
Comment pouvez-vous présenter davantage cette structure ?
Le Goethe Institut est une
structure indépendante qui est chargée officiellement par l’Etat allemand de
présenter l’Allemagne au niveau culturel à l’extérieur. Nous avons plusieurs
domaines d’actions que sont la coopération culturelle entre notre pays et celui
d’accueil, le volet apprentissage de la langue allemande à travers plusieurs
activités, dont celle de la bibliothèque du département d’information. Au
Burkina Faso tout n’est pas encore bien établi car ce n’est qu’un bureau de
liaison pour le moment, qui a juste pour mission la promotion culturelle. Mais
j’ai un collègue qui est basé au Mali qui s’occupe de la collaboration avec les
établissements. Ici nous travaillons avec les lycées Bogodogo et Mixte de
Gounghin à travers la formation des enseignants et bien d’autres activités pour
favoriser l’apprentissage de l’allemand.
Quel est l’historique du Goethe Institut en Afrique ?
Le Goethe Institut a été fondé
après la seconde Guerre mondiale avec pour but de promouvoir la culture
allemande. Nous sommes présent en Afrique il y a plus de 50 ans, notamment dans
des pays comme le Cameroun et le Ghana où nous sommes très bien structuré.
Vous êtes la deuxième responsable en 5 ans d’existence du centre
au Burkina Faso; quelles sont vos réalisations jusque-là ?
Mon prédécesseur, Peter Stepan,
s’était engagé beaucoup dans le domaine des arts plastiques au Burkina Faso et,
depuis, je continue dans cette lancée à travers des partenariats avec
différentes structures et des artistes individuels, ce qui a permis une
certaine émergence de ce volet des arts ici. Il y a un grand dynamisme dans le
secteur culturel au Burkina Faso, mais les arts plastiques ne sont pas jusque-là
très bien connus comme le cinéma, le théâtre et d’autres arts ; c’est
pourquoi on s’est engagé à soutenir ce secteur à travers des expositions, des
formations, etc.
Comment se passe votre collaboration avec les autorités politiques du
Burkina Faso, notamment avec le ministère en charge de la Culture ?
C’est une très bonne
collaboration car on a été très bien accueilli et, à tout moment, elles nous
accompagnent en venant assister à nos
évènements. Surtout avec notre projet « Ouaga 2013 » cette année, il
y a le ministère de la Culture et du Tourisme avec son département des arts
plastiques qui s’est intégré à la création et à la mise en place. Aussi, avec
la mairie, nous avons une très bonne collaboration et j’en suis ravie.
Et avec les acteurs culturels dans l’ensemble ?
Nous aimerions bien qu’il y ait
plusieurs collaborations ; c’est donc en échangeant avec les différentes
structures et artistes qu’ensemble nous créons des projets ; que chaque
structure puisse contribuer avec ses moyens. Il y a « Ouaga 2013 » où
nous avons pu réaliser un projet en réunissant plusieurs partenaires à travers
des discussions. Ce n’est pas toujours facile, mais ça vaut le coup d’intégrer
les différents partenaires et de créer ces projets ensemble. Il faut toujours
associer les acteurs locaux pour ne pas susciter des programmes qui n’ont aucun
impact au Burkina Faso. Il faut avoir une vision qui soutient le développement
du secteur, et ces échanges sont très importants.
Quels sont concrètement les acquis que l’on peut retenir ?
Il y a des acquis avec le Centre
photographique de Ouagadougou (CPO), la structure Face-o-sceno et, sur le plan
des arts plastiques, nous avons la fondation Bras-ouverts, Hangar onze, la
villa Yiri suma, etc. Il y a également plusieurs partenariats qui sont là, avec
l’association des conteurs et l’Ecole des ancêtres avec un projet régional, la
Caravane du conte, qui a déjà eu lieu au Sénégal, au Togo et en Côte d’Ivoire ;
cette année c’est au tour du Burkina Faso d’accueillir cet évènement en
septembre prochain. C’est une activité qui a été créée en Côte d’Ivoire et notre
partenaire au niveau local c’est l’Ecole des ancêtres, qui, d’ailleurs, a
participé à l’édition dernière. Nous travaillons aussi avec l’espace Gambidi.
C’est souvent des partenariats infrastructurels et, après, d’autres
collaborations naissent.
Quel regard portez-vous de façon générale sur la Culture au Burkina
Faso ?
J’ai un regard très positif sur
la Culture burkinabè car je suis chaque fois impressionnée par le dynamisme et
la diversité de la Culture et par l’engagement personnel des acteurs à travers
leurs structures et leurs plans d’actions. Je trouve que beaucoup de choses
sont très développées ici par rapport à d’autres pays de la région. Il y a le
cas du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO) qui a abattu un
travail énorme pour avoir un public super et des pièces assez riches. Même en
Europe avec le théâtre se pose la question de savoir comment avoir un public plus
jeune ; mais le CITO l’a réussi et c’est formidable.
La Culture a été identifiée à travers la Stratégie de croissance
accélérée pour le développement durable (SCADD) comme un pilier du
développement ; que peut-on attendre de la Coopération allemande à travers
le Goethe Institut pour l’atteinte de cet objectif ?
Je ne peux pas parler au nom de
la Coopération allemande mais, pour le Goethe Institut, il faut s’attendre à
l’appui dans une réflexion artistique. Comment l’art peut contribuer
concrètement au développement ? Qu’au travers de ça qu’il y ait le
développement du secteur économique, avec les pièces, les œuvres d’art, etc.
Nous avons également, à travers les différents volets de notre centre, la
possibilité de créer un réseau qui peut contribuer aux échanges pour un développement.
Quel bilan peut-on faire de ce premier semestre 2013 en termes d’activités
de votre structure ?
Effectivement, avec la saison
pluvieuse, nous sommes en pause ; nous avons eu notre dernière activité du
semestre au village Opéra de Laongo. Jusque-là on a eu le projet « Ouaga
2013 », nos projections, qui vont d’ailleurs continuer en septembre ;
plusieurs expositions ont eu lieu mais il y a beaucoup d’évènements qui sont en
prévision. Avec « Ouaga Hip hop » on va abriter un évènement, en août
on accueillera une compagnie de danse en collaboration avec le Centre de
développement chorégraphique (CDC) La termitière, il y aura aussi la Caravane
du conte dont j’ai parlé tantôt et le Carrefour des arts plastiques. Il sera donc
difficile pour moi de faire un bilan maintenant, car il y a encore beaucoup
d’autres évènements à venir. Ce que je peux retenir c’est le projet
« Ouaga 2013 » où nous avons réussi un certain dynamisme de plusieurs
structures.
Quelques journalistes ont bénéficié d’une formation sur la critique
d’art en octobre 2012 à travers votre institut ; d’autres initiatives de
ce genre sont-elles en prévision ?
Nous n’avons rien prévu de ce
genre pour le moment mais nous y penserons.
Quelle est la part que vous accordez, dans vos activités, à la presse
culturelle burkinabè?
On propose pour le moment des
échanges avec les différents acteurs à travers nos évènements. Nous attendons
que notre site se mette en place pour que nous puissions de plus en plus
collaborer
Quelles appréciations faites-vous de la participation du public à vos
différentes activités ?
Je suis satisfaite ; nous
sommes dans une période où nous changeons les différents modules de nos
activités qui sont de plus en plus hors du centre mais, dans l’ensemble, ça va.
Nous envisageons aller à la rencontre des populations hors de la ville si nous
trouvons des espaces appropriés qui ont les équipements adéquats. Néanmoins, il
faut noter que notre emplacement en face de l’université permet à beaucoup
d’étudiants de participer à nos activités.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la réalisation de
vos activités ?
Il y a toujours de petites
difficultés pour toute chose, mais en général ça va, il n’y a rien de majeur.
Les Burkinabè sont ouverts que ce soit au niveau des expérimentations
artistiques que d’autres aspects.
Vous êtes directrice de ce centre il y a de cela 1 an et demi ;
comment se passe votre intégration ?
En tant que responsable du Goethe
Institut il y a effectivement peu de temps, mais je connais le Burkina Faso depuis
2006 pour y avoir fait un stage aux Récréatrales. Ce qui est particulier ici,
c’est que tous ceux qui passent une fois ont toujours envie de revenir, à cause
de la chaleur humaine ; c’était également mon cas et j’ai eu la chance de
revenir en tant que directrice du Goethe Institut. Mais, avant tout, cela je
suis revenue plusieurs fois après mon stage. J’ai une petite vision du Burkina
Faso qui me sert beaucoup dans mon travail. Je me sens très bien accueillie ici
et je suis impressionnée de la manière que la population vit en harmonie malgré
les diversités culturelles et religieuses. C’est vraiment merveilleux.
Votre coup de cœur pour la culture burkinabè ?
J’aime beaucoup le théâtre car
j’ai étudié les arts dramatiques et j’ai travaillé aux Récréatrales. Ce qui,
d’ailleurs, amène beaucoup de gens à me demander pourquoi je n’ai pas assez
d’activités théâtrales. Mais on est déjà
sur une lancée que je ne veux pas interrompre. En dehors de la culture, il y a
ce paysage hors de la ville qui me fascine énormément.
Quels sont les grands chantiers du Goethe Institut les années à
venir ?
C’est d’abord continuer la
démarche dans laquelle nous nous sommes inscrit avec les arts plastiques.
Aussi, avec des projets comme « Ouaga 2013 », mener des réflexions
pour évaluer l’impact de l’art dans l’espace public urbain car l’art ne se crée
pas hors d’un contexte. Nous voulons en somme travailler à positionner l’art au
Burkina Faso.
Une adresse particulière…
Tout d’abord je dis merci à votre
journal et au public ; et je lance une invite à tous les Burkinabè à venir
découvrir notre espace qui est ouvert à tous.
Jérôme William Bationo
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