Le « Djihad » d’un pinceau engagé
Originaire de Gao, un des bastions des
mouvements islamistes de 2012 au Nord-Mali, Mariam Ibrahim Maiga est une artiste
plasticienne. Venue au Burkina Faso en fin d’année 2013, dans le cadre d’une
activité de l’Association internationale des plasticiennes d’Afrique
sub-saharienne (AIPASS), elle dénonce à travers deux toiles intitulées « Sous le manteau islamique » les
exactions commises par les différents mouvements durant de longs mois lors de
la crise malienne.
Née en
décembre 1986 à Gao (Nord-Mali) de parents songhaï, Mariam Ibrahim Maiga fait
partie de cette nouvelle génération d’artistes plasticiennes africaines. Attirée
très tôt par l’art contemporain, elle intègre dès 2007 le Conservatoire des
arts et métiers Balla Fasséké Kouyaté dans la filière arts plastiques d’où elle
sort munie d’un DESS. « Pour moi
être plasticienne c’est embrasser l’art plastique sous toutes ses formes ;
c’est pourquoi je fais la peinture, la vidéo, l’illustration et la photo »,
dit-elle. Ses deux œuvres qu’elle a présentées au public, à travers
l’exposition de l’Association internationale des plasticiennes d’Afrique
sub-saharienne (AIPASS), sont le fruit d’une résidence de création d’une
semaine à Ouagadougou sur le thème « Regard
de femmes ». Utilisant essentiellement de l’eau, de l’acrylique et du
vernis dans ses productions, sur de la toile, dans un style figuratif, elle
fait une caricature d’hommes en turban représentant des
« djihadistes » qui, selon elle, se cachent sous un « manteau
islamique » pour commettre des exactions dans la société et
particulièrement sur les femmes avec pour conséquences de nombreux orphelins. Dans
une mosaïque de formes, elle gribouille des signes, « insensés »
comme elle le dit, qui sortent de la bouche de ces hommes et symbolisent cette
tentative de modification des lois islamiques. Sur les deux tableaux de 100 sur
80cm, peintes en couleurs sombres où domine spécifiquement le noir, à travers
des scènes de lapidations, des mains coupées, etc., Mariam Ibrahim dépeint la
situation chaotique à laquelle ont été exposées de nombreuses populations par
les groupes islamistes. Dans une forme d’expressionnisme, elle crie ses
sentiments contre ces « terroristes » qui viennent, partout dans le
monde, sous le manteau islamique pour commettre des crimes. « Ils se présentent comme des musulmans
et disent vouloir défendre la cause de l’islam pendant que leurs actes sont à
l’encontre de ce que dit le saint Coran. La charia est une loi divine et Dieu n’a
nullement besoin d’homme pour la défendre », s’écrit-t-elle. Jeune
artiste engagée, avec son pinceau, elle compte partir en « Djihad »
avec son art pour une société plus libre. Quand une plasticienne va en guerre…
sommes-nous tenté de dire. Outre ses activités de peintre, elle s’évertue également
dans l’illustration de documents pour enfants. « L’art c’est ma vie », conclut-elle.
Jérôme William Bationo
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire