9 janv. 2014

"Sous le manteau islamique" de Mariam Ibrahim


Le « Djihad » d’un pinceau engagé

Originaire de Gao, un des bastions des mouvements islamistes de 2012 au Nord-Mali, Mariam Ibrahim Maiga est une artiste plasticienne. Venue au Burkina Faso en fin d’année 2013, dans le cadre d’une activité de l’Association internationale des plasticiennes d’Afrique sub-saharienne (AIPASS), elle dénonce à travers deux toiles intitulées « Sous le manteau islamique » les exactions commises par les différents mouvements durant de longs mois lors de la crise malienne.

 

Née en décembre 1986 à Gao (Nord-Mali) de parents songhaï, Mariam Ibrahim Maiga fait partie de cette nouvelle génération d’artistes plasticiennes africaines. Attirée très tôt par l’art contemporain, elle intègre dès 2007 le Conservatoire des arts et métiers Balla Fasséké Kouyaté dans la filière arts plastiques d’où elle sort munie d’un DESS. « Pour moi être plasticienne c’est embrasser l’art plastique sous toutes ses formes ; c’est pourquoi je fais la peinture, la vidéo, l’illustration et la photo », dit-elle. Ses deux œuvres qu’elle a présentées au public, à travers l’exposition de l’Association internationale des plasticiennes d’Afrique sub-saharienne (AIPASS), sont le fruit d’une résidence de création d’une semaine à Ouagadougou sur le thème « Regard de femmes ». Utilisant essentiellement de l’eau, de l’acrylique et du vernis dans ses productions, sur de la toile, dans un style figuratif, elle fait une caricature d’hommes en turban représentant des « djihadistes » qui, selon elle, se cachent sous un « manteau islamique » pour commettre des exactions dans la société et particulièrement sur les femmes avec pour conséquences de nombreux orphelins. Dans une mosaïque de formes, elle gribouille des signes, « insensés » comme elle le dit, qui sortent de la bouche de ces hommes et symbolisent cette tentative de modification des lois islamiques. Sur les deux tableaux de 100 sur 80cm, peintes en couleurs sombres où domine spécifiquement le noir, à travers des scènes de lapidations, des mains coupées, etc., Mariam Ibrahim dépeint la situation chaotique à laquelle ont été exposées de nombreuses populations par les groupes islamistes. Dans une forme d’expressionnisme, elle crie ses sentiments contre ces « terroristes » qui viennent, partout dans le monde, sous le manteau islamique pour commettre des crimes. « Ils se présentent comme des musulmans et disent vouloir défendre la cause de l’islam pendant que leurs actes sont à l’encontre de ce que dit le saint Coran. La charia est une loi divine et Dieu n’a nullement besoin d’homme pour la défendre », s’écrit-t-elle. Jeune artiste engagée, avec son pinceau, elle compte partir en « Djihad » avec son art pour une société plus libre. Quand une plasticienne va en guerre… sommes-nous tenté de dire. Outre ses activités de peintre, elle s’évertue également dans l’illustration de documents pour enfants. « L’art c’est ma vie », conclut-elle.



Jérôme William Bationo

 

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