Médias et acteurs culturelles s’accordent…
Deux jours de colloque pour discuter de l’apport des médias dans la
promotion de la culture burkinabè. Les 26 et 27 décembre 2013 ont en effet été
consacrés aux journées de promotion des industries culturelles et créatives
(JP-ICC) initiées, pour la première fois, par le ministère de la Culture et du
Tourisme (MCT) à travers la Direction de la promotion des industries
culturelles et créatives (DPICC). Echanges directs entre différents acteurs devaient
en effet accoucher de pistes de solutions pour une meilleure promotion des
industries culturelles.
La culture, secteur prioritaire
au Burkina Faso ? Et pourtant le ministère en charge de la Culture est vraisemblablement
le moins loti dans le budget de l’Etat. Des récriminations du genre «notre ministère est pauvre» sont tout
le temps débitées et par le personnel dudit département et par les autres acteurs
du secteur. Mais qui a dit que la culture ne fait pas rentrer des
devises ? Dans un article paru dans La Tribune, un site d’information
français, il est écrit : «La culture
contribue 7 fois plus au PIB français que l’industrie automobile avec 57, 8
milliards d’euros de valeur ajoutée par an. Son coût total pour la collectivité
approche 21,5 milliards d’euros». Qu’en est-il du Burkina Faso ? Selon
le résumé de la Stratégie nationale de développement des industries culturelles
et créatives (SND-ICC), du fait de son caractère transversal dans les secteurs
de l’économie, la culture est un important facteur de dynamisation de
l’économie nationale à travers sa participation à la création de revenus et
d’emplois, ainsi qu’à l’entrée de devises.
La culture fait de nouveaux riches au Burkina Faso
«La contribution du secteur de la culture à la formation du revenu
national est réelle. En 2009, la valeur ajoutée dégagée par les filières
culturelles est estimée à 79,667 milliards de FCFA, soit 2,02% du PIB, réalisée
au cours de ladite période», indique la SND-ICC. Les choses sont
dites : la culture rapporte au pays, pas seulement de l’argent, mais aussi
de l’emploi. Les entreprises culturelles emploient un nombre relativement important
de personnes. 164 592 personnes, représentant 1,78% des actifs occupés en
2009 ont un emploi dans le domaine de la culture. En 2011, les importations de
produits culturels atteignent 143 milliards de FCFA, en croissance de 6,4% par
rapport à 2010. Cette valeur représente 8,2% de la valeur totale des
importations officielles de biens au Burkina Faso la même année. En plus des
enjeux économiques, le secteur comporte des aspects sociaux non négligeables,
notamment la cohésion sociale et la paix, l’éducation à la citoyenneté et la
régulation sociale. C’est à ce titre que
le Burkina Faso s’est doté de la Politique nationale de la culture (PNC) dont
l’objectif vise à fonder l’avenir de la nation sur les valeurs et les réalités
endogènes. «Elle propose de promouvoir le
patrimoine culturel et la créativité artistique afin d’accroître la richesse
nationale et de contribuer au rayonnement du Burkina Faso».
Les JP-ICC n’accoucheront-elles pas d’une souris ?
Boukary Ouédraogo, DPICC |
Nombreux sont les défis qui
minent le milieu. Au cours des JP-ICC, des stratégies ont été identifiées pour
relever le défi de la structuration et du développement de l’économie de la
culture. Il s’agit de la consolidation de la gouvernance et du climat des
affaires culturelles, du renforcement des capacités productives des entreprises
culturelles, de la dynamisation des outils de mise en marché et de l’amélioration
de l’accès au financement. Le gros lot des propositions entrant dans le cadre
de la promotion par les médias reviendra aux organes publics. Cependant, même
si le ministre Baba Hama a promis de faire le point au gouvernement, il faut
regretter l’absence des premiers responsables du ministère de la Communication
à ces journées. Pour ce qui concerne le renforcement des capacités au sein de
la presse de façon générale, au sortir de ces journées, les communicateurs et
journalistes culturels pourraient se voir inviter à des formations sur des
modules tels que la connaissance de la culture burkinabè ; les clés
de lecture artistique et culturelle ; la familiarisation avec les outils
et la chaîne de production culturelle et sur des rappels quant à la
déontologie mais aussi sur le traitement de l’information culturelle. Boukary
Ouédraogo, directeur de la promotion des industries culturelles, et son équipe
auront eu le mérite d’organiser un tel cadre d’échanges entre les acteurs, mais
il faut pousser encore plus loin les initiatives et la réflexion afin
d’insuffler réellement un vent nouveau au secteur de la culture. Nous y gagnerons
tous.
Jérôme
William Bationo
Lassané
Ouédraogo
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