18 mars 2014

" Les arts du spectacle face au défi du numérique"



Retour sur les rencontres professionnelles du MASA

Le rendez-vous des arts du spectacle africain d’Abidjan en marge des différentes prestations a accordé une part belle à la réflexion. Placé sous le thème «Les arts du spectacle face au défi du numérique», la 8e édition du MASA a permis de se pencher, à travers des rencontres professionnelles, sur une question qui y va, de nos jours, de la compétitivité des artistes africains et de leurs créations sur le plan international.

 

De plus en plus de créateurs choisissent d’intégrer le numérique à leurs démarches artistiques non seulement comme moyens de création mais également de diffusion. Ainsi, loin d’être une simple concession à la modernité, l’irruption du virtuel a fait naître sur scène une certaine poésie, elle offre des possibilités de collaborations artistiques jadis inenvisageable et s’impose comme un canal majeur de diffusion de la création. En exemple, des musiciens peuvent de nos jours enregistrer un album sans se rencontrer ou plutôt on peut suivre en direct un spectacle qui se passe ailleurs en restant sur sa chaise. A travers les rencontres professionnelles du Marché des arts du spectacle africain (MASA), il était surtout question de présenter et d’analyser les changements de normes et de stratégies que le développement des technologies de l’information et de la communication amènent dans les différents secteurs de la musique, de la danse, du théâtre, du conte, de l’humour, etc. Dans les interventions des uns et des autres, qui devaient esquisser des pistes communes à la hauteur du défi du numérique pour les industries créatives en général, et pour les arts de la scène en particulier, si certains acteurs culturels sont très favorables à la nouvelle donne qu’offre cette science des techniques, d’autres n’hésitent pas à manifester leurs inquiétudes, au nombre desquels la reine mère Werewere Liking du village Kiyi ou Guiomar Alonso, chef unité Culture du bureau régional de l’Unesco. L’intrusion du numérique dans les arts du spectacle a induit de nouveaux modes de consommation des produits de création et cela n’est pas sans incidence sur l’économie de la culture en général mais aussi sur la législation qui doit s’adapter afin de garantir aux créateurs, notamment africains, des retombées à la hauteur de leur travail. Pour Etienne Minoungou, premier responsable des Récréâtrales au Burkina Faso, si l’Afrique a été devancée sur l’utilisation des TICs il ne faudra pas qu’elle perde dans la proposition du contenu. Issa Ouédraogo, administrateur du Carrefour international de théâtre de Ouagadougou (CITO), pour sa part a fait savoir que «quoiqu’on dise, on a besoin de cet outil pour véhiculer ce que nous faisons. Quand tu crée un spectacle, même si tu na pas les moyens pour sa diffusion tu peux le mettre sur internet ; il ya des avantages mais aussi des inconvénients et chacun va l’utiliser en conséquence». On peut retenir que de ces différentes rencontres, les interrogations suscitées vont dans le sens de : quelles nouvelles opportunités économiques représente la révolution numérique pour les arts du spectacle ? Quels sont les défis engendrés par ces opportunités ? Quelles législations peut-on envisager pour concilier les droits du créateur, du public et des opérateurs numériques ? Des questions, à notre sens, qui ne sauraient trouver de réelles réponses actuellement quand on connaît les réalités ou plus encore les préoccupations de nos populations en Afrique.

Jérôme William Bationo

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