14 nov. 2012


"L’artiste face à la couleur de la peau" de Sylvo Zoungrana (2009)

Description de l’œuvre
Nous avons avec nous un tableau de Sylvo de son vrai nom Sylvestre Zoungrana. C’est un tableau qui date de près de quatre ans peint à des « moments de délires du peintre » en empruntant ses propres termes. L’œuvre est peint en huile sur un drap de lit, de motif fleuri venant d’Europe et est exposée à l’espace Hangar 11 à Ouidi dans la capitale burkinabé à l’occasion de la fête « Carrefour des arts plastiques ».
 Nous voyons sur la peinture les postérieurs mis à nu d’une femme et couverts d’un voile transparent. Entre les jambes de la dame se trouve une tête à la chevelure tressé regardant le sol, avec un air de gêne. Sur une dimension de 70cm sur 50cm, la couleur dominante du tableau est le jaune et son titre est « l’artiste face à la couleur de la peau ».Nous sommes au XXIème siècle dans la période des arts contemporains ; la lecture des couleurs n’est plus transversale. Néanmoins, on peut bien dire que le jaune est de la famille des couleurs chaudes, couleur qui insinue la sérénité. 
 
Le sens pour l’auteur
Sylvo est un peintre autodidacte burkinabè. Il s’est fait connaître de ses pairs par la force du travail. Ses œuvres sont inspirées de son vécu quotidien et de son imagination pour retracer un évènement ou de produire des œuvres en fonction des thèmes bien défini. Le tableau que nous présentons est inspiré de la vie quotidienne de l’artiste. C’est une œuvre d’interpellation. Il invite ses camarades artistes qui cherchent la réussite sous la jupe de nos sœurs de peau blanche à changer de cap.
Ces artistes en majorités se distinguent par les coupes de leurs cheveux ; ils ont adopté le style rasta.
Avec cette œuvre, Sylvo affirme que la réussite venant de la jupe d’une femme n’engendre que gêne et frustration. Il exhorte alors ses frères à l’accompagner dans sa démarche, une démarche qui se distingue par le travail.
 
L’ambiguité du tableau
Le tableau de l’artiste Sylvo Zoungrana n’est pas aisé à comprendre d’emblée. Il est même ambigu. D’abord, les postérieurs nus ne nous renseignent pas sur la couleur de la peau de la dame ; elle est même proche d’une femme de peau noire.
Cependant, l’artiste Sylvo veut qu’on voie en cette dame une personne de la peau blanche en s’appuyant sur le voile qu’il juge être un mode, un style d’habillement occidental.
Ensuite, la tête sous la cuisse de la femme porte des tresses des femmes africaines, ce qui laisse croire que c’est la tête d’une femme mais non, le peintre dit représenter la tête d’un rasta, d’ un homme ; ce qui est difficilement détectable sans le commentaire de l’artiste.
Enfin, ce tableau ainsi peint n’est pas destiné à la décoration interne de maison ; l’exposé au- dehors et l’interprété comme le veut l’artiste peut entrainer des frustrations chez les européennes et le discrédit chez les artistes rasta. Au   vu du support utilisé, l’artiste pourrait faire une œuvre de plus belle facture surtout que c’est un artiste qui travaille beaucoup sur le corps. Quoi qu’on dise, il faut que l’art nourri l’artiste.
 
Perspective pour le tableau
On peut se demander pourquoi Sylvo, peintre du corps et de belle image comme il nous a fait savoir n’a pas fait de une œuvre un produit naturaliste  c’est- à- dire en ne faisant pas apparaître la tête et accordé au voile son sens premier. Ainsi, ce sera un tableau d’ornement interne et sensuel pour les naturalistes. On pourrait alors le titré « cœur de la Nature ».
 


Waliou A. ADEGUEROU

                                                                                                  



 

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