8 avr. 2014

Les arts plastiques dans l’espace public

 Question d’identité, d’expression artistique ou simple décoration ?

Plusieurs œuvres d’arts plastiques sont placées dans l’espace public de la ville de Ouagadougou et d’autres localités du Burkina. C’est très souvent des commandes de l’administration publique et/ou de sociétés privées ; un grand nombre a été réalisé sous la Révolution d’Août. On remarque aussi quelques-unes relevant de l’initiative de certains artistes, notamment les graffiti. Liées souvent à une histoire ou véhiculant un message, quel sens donne-t-on à ces productions ?


Le concept d’arts plastiques dans l’espace public date de bien longtemps ; en témoigne la présence dans l’Egypte ou la Grèce antique de différents monuments. Cette donne n’a pas changé au fil du temps. Au Burkina, les arts plastiques ont largement trouvé leur place au sein de l’espace public et architectural. Ainsi, plusieurs œuvres acquises par l’Etat burkinabè ou des investisseurs privés trouvent leur place dans les villes. Ce concept a connu une période de grâce durant la Révolution d’Août 83 avec notamment la réalisation de plusieurs monuments. Ces œuvres faites de divers matériaux (bronze, béton, fer, etc.) véhiculent des messages dont les plus récurrents sont la solidarité, le pardon, l’hospitalité, l’amitié, la politique ou des évènements. Elles sont faites également pour honorer la mémoire d’illustres personnalités de notre histoire passée et contemporaine. Tous ces monuments répondent à la  question d’identité surtout. Ils sont l’expression aussi d’une créativité, même s’ils relèvent de commandes souvent orientées. «L’art dans l’espace public est à la fois une question d’identité ; il est surtout une expression artistique, et aussi de décors. Mais ici au Burkina, les œuvres semblent plus être une quête d’identité, d’affirmation», a expliqué le directeur des arts plastiques et appliqués (DAPA), Prosper Tiendrébeogo. Il ya donc  une expression artistique dans ces œuvres. Certaines sont décoratives et donnent une embellie, un look à la ville. En exemple, on reconnaît Ouagadougou par le monument des cinéastes, Paris avec la tour Effel, New York avec la statue de la Liberté, Rio avec la statue de Jésus les bras ouverts, etc. Les graffiti, quant à eux, très souvent l’œuvre de la jeune génération, sont des œuvres de revendication, ils ne sont pas là pour plaire toujours et font peur à la vieille génération, peut-on dire. C’est une revendication de râler dans l’espace public qui devient un exutoire. L’artiste est un avant-gardiste et il faut qu’il donne le ton, plutôt ici, avec le burin ou le pinceau. Outre la simple décoration ou l’expression artistique, l’art plastique dans l’espace public peut être un outil de revendication.

Jérôme William Bationo


Quelques œuvres dans l’espace public de Ouagadougou

1 - Le mémorial aux héros nationaux
Réalisé à Ouaga 2000, au bout du boulevard Mouamar Kadhafi, le mémorial aux héros nationaux a été conçu pour honorer la mémoire des Burkinabè qui se seraient particulièrement illustrés au service de la patrie.

2-  La place ou le monument des Cinéastes africains
De forme dynamique, roquette prête à s'envoler vers la victoire, c'est ainsi que le décrit l'artiste qui l'a conçu. A côté de la mairie centrale de Ouagadougou, ce monument, qui a été bâti en 1987 symbolise les outils de travail des cinéastes. Il a été érigé dans le but de rendre hommage à ces derniers.

3- Le rond point ou Place des Nations Unies
D’abord un buisson, ensuite un rond-point en béton, puis le monument de l’Idée en 1984. Le rond-point tel qu’on le voit de nos jours a été aménagé par Guy Compaoré, un artiste plasticien également réalisateur du monument de l’Idée. Actuellement, l’œuvre qui s’y trouve, à l’est de l’avenue de la Nation, représente le globe terrestre avec l’emblème des Nations Unies.
4- La bataille des rails « Kon menem-moogho »
Croisement des avenues de la Nation et d’Oumarou Kanaozé, le monument, en bronze de 2,5 mètres de haut, représente un homme portant un morceau de rail sur son épaule. Dénommé «Kon menem moogho», c'est-à-dire «ne disparaîtra pas du monde» par la population, il symbolise la volonté de désenclavement du pays, notamment la région sahélienne, par le prolongement de la voie ferrée en direction de Kaya, puis Tambao.

5- Monument  de la place du 2-Octobre,
Au croisement des avenues du Yatenga et du Kadiogo, il est construit, en souvenir au premier anniversaire de la publication du Discours  d’orientation politique (DOP).

6-  La place Naaba Koom ou le monument de l’hospitalité et de bienvenue
Située en face de la gare ferroviaire, elle est dominée par un monument de 6 mètres de haut représentant une femme portant l’eau de bienvenue aux étrangers arrivant à Ouagadougou par le train. Cette place a été érigée en l’honneur de Naaba Koom dont elle porte le nom et sous le règne duquel le chemin de fer, construit depuis la Côte d’Ivoire, serait arrivé à Ouagadougou. C’est en 1986 que ce monument dit de bienvenue a été installé au centre de la place en face de la gare ferroviaire de Ouagadougou.

7- Le square Princesse Yennenga
Réalisé en 1984, il aurait été recommandé par le ministère de  l’Environnement et du Tourisme en mémoire de la princesse  Yennenga, fille du roi de Gambaga et mère de  Ouédraogo, ancêtre des moossé. Il est situé à l’angle des avenues Yennenga et de la Résistance du 17-Mai.

8-  Le Mausolée du Docteur  Léo  Frobenius
Situé au nord de l’aéroport de Ouagadougou, à quelques encablures de la ZACA, ce mausolée est en hommage à Léo Frobenius (1873-1938), anthropologue allemand ; un explorateur à la fois passionné et empiriste, humaniste et africaniste. Il a séjourné à Ouagadougou du 3 septembre au 28 décembre 1908.

9- L’enfant africain (la princesse Naomi)
Rachid Khimonun a réalisé la Farandole des enfants du monde en 2001. 21 sculptures installées à Paris en 2001 symbolisant  l’entrée dans le 21ème siècle. Pour chaque enfant, deux (02)  pièces originales existent, jumelant ainsi Paris à 20 capitales étrangères. Installé en face de l’hôpital pédiatrique Charles de Gaulle, Naomi l’Africaine relie Paris à Ouagadougou depuis février 2007.

10- Place du Grand-Lyon
Espace comprenant un lion symbolisant les relations de coopération entre Ouagadougou et Lyon. Elle est située en face de l’Institut français Georges Méliès.


J.W.B
Sources : Mairie centrale, DAPA

4 commentaires: