Question d’identité, d’expression artistique
ou simple décoration ?
Plusieurs œuvres
d’arts plastiques sont placées dans l’espace public de la ville de Ouagadougou
et d’autres localités du Burkina. C’est très souvent des commandes de
l’administration publique et/ou de sociétés privées ; un grand nombre a
été réalisé sous la Révolution d’Août. On remarque aussi quelques-unes relevant
de l’initiative de certains artistes, notamment les graffiti. Liées souvent à
une histoire ou véhiculant un message, quel sens donne-t-on à ces productions ?
Le concept d’arts plastiques dans l’espace public date de bien
longtemps ; en témoigne la présence dans l’Egypte ou la Grèce antique de
différents monuments. Cette donne n’a pas changé au fil du temps. Au Burkina, les arts plastiques ont largement trouvé
leur place au sein de l’espace public et architectural. Ainsi, plusieurs œuvres
acquises par l’Etat burkinabè ou des investisseurs privés trouvent leur place
dans les villes. Ce concept a connu une période de grâce durant
la Révolution d’Août 83 avec notamment la réalisation de plusieurs monuments. Ces
œuvres faites de divers matériaux (bronze, béton, fer, etc.) véhiculent des
messages dont les plus récurrents sont la solidarité, le pardon, l’hospitalité,
l’amitié, la politique ou des évènements. Elles sont faites également pour honorer
la mémoire d’illustres personnalités de notre histoire passée et contemporaine.
Tous ces monuments répondent à la
question d’identité surtout. Ils sont l’expression aussi d’une
créativité, même s’ils relèvent de commandes souvent orientées. «L’art dans l’espace public est à la fois une
question d’identité ; il est surtout une expression artistique, et aussi
de décors. Mais ici au Burkina, les œuvres semblent plus être une quête
d’identité, d’affirmation», a expliqué le directeur des arts plastiques et
appliqués (DAPA), Prosper Tiendrébeogo. Il
ya donc une expression artistique dans ces
œuvres. Certaines sont décoratives et donnent une embellie, un look à la ville.
En exemple, on reconnaît Ouagadougou par le monument des cinéastes, Paris avec
la tour Effel, New York avec la statue de la Liberté, Rio avec la statue de Jésus
les bras ouverts, etc. Les graffiti, quant à eux, très souvent l’œuvre de la
jeune génération, sont des œuvres de revendication, ils ne sont pas là pour
plaire toujours et font peur à la vieille génération, peut-on dire. C’est une
revendication de râler dans l’espace public qui devient un exutoire. L’artiste est un avant-gardiste et il
faut qu’il donne le ton, plutôt ici, avec le burin ou le pinceau. Outre la
simple décoration ou l’expression artistique, l’art plastique dans l’espace
public peut être un outil de revendication.
Jérôme William
Bationo
Quelques œuvres dans l’espace public de Ouagadougou
Réalisé à Ouaga
2000, au bout du boulevard Mouamar Kadhafi, le mémorial aux héros nationaux a
été conçu pour honorer la mémoire des Burkinabè qui se seraient
particulièrement illustrés au service de la patrie.
2- La place ou le monument des Cinéastes africains
De forme
dynamique, roquette prête à s'envoler vers la victoire, c'est ainsi que le
décrit l'artiste qui l'a conçu. A côté de la mairie centrale de Ouagadougou, ce
monument, qui a été bâti en 1987 symbolise les outils de travail des cinéastes.
Il a été érigé dans le but de rendre hommage à ces derniers.
3- Le rond point ou Place des Nations Unies
D’abord un
buisson, ensuite un rond-point en béton, puis le monument de l’Idée en 1984. Le
rond-point tel qu’on le voit de nos jours a été aménagé par Guy Compaoré, un
artiste plasticien également réalisateur du monument de l’Idée. Actuellement, l’œuvre
qui s’y trouve, à l’est de l’avenue de la Nation, représente le globe terrestre
avec l’emblème des Nations Unies.
Croisement des
avenues de la Nation et d’Oumarou Kanaozé, le monument, en bronze de 2,5 mètres
de haut, représente un homme portant un morceau de rail sur son épaule. Dénommé
«Kon menem moogho», c'est-à-dire «ne disparaîtra pas du monde» par la
population, il symbolise la volonté de désenclavement du pays, notamment la
région sahélienne, par le prolongement de la voie ferrée en direction de Kaya,
puis Tambao.
5- Monument de la place du 2-Octobre,
Au croisement des
avenues du Yatenga et du Kadiogo, il est construit, en souvenir au premier anniversaire
de la publication du Discours
d’orientation politique (DOP).
Située en face de
la gare ferroviaire, elle est dominée par un monument de 6 mètres de haut
représentant une femme portant l’eau de bienvenue aux étrangers arrivant à
Ouagadougou par le train. Cette place a été érigée en l’honneur de Naaba Koom
dont elle porte le nom et sous le règne duquel le chemin de fer, construit depuis
la Côte d’Ivoire, serait arrivé à Ouagadougou. C’est en 1986 que ce monument
dit de bienvenue a été installé au centre de la place en face de la gare
ferroviaire de Ouagadougou.
7- Le square Princesse Yennenga
Réalisé en 1984,
il aurait été recommandé par le ministère de
l’Environnement et du Tourisme en mémoire de la princesse Yennenga, fille du roi de Gambaga et mère
de Ouédraogo, ancêtre des moossé. Il est
situé à l’angle des avenues Yennenga et de la Résistance du 17-Mai.
8- Le Mausolée du Docteur Léo Frobenius
Situé au nord de
l’aéroport de Ouagadougou, à quelques encablures de la ZACA, ce mausolée est en
hommage à Léo Frobenius (1873-1938), anthropologue allemand ; un
explorateur à la fois passionné et empiriste, humaniste et africaniste. Il a
séjourné à Ouagadougou du 3 septembre au 28 décembre 1908.
9- L’enfant africain (la princesse Naomi)
Rachid Khimonun a
réalisé la Farandole des enfants du monde en 2001. 21 sculptures installées à
Paris en 2001 symbolisant l’entrée dans
le 21ème siècle. Pour chaque enfant, deux (02) pièces originales existent, jumelant ainsi
Paris à 20 capitales étrangères. Installé en face de l’hôpital pédiatrique
Charles de Gaulle, Naomi l’Africaine relie Paris à Ouagadougou depuis février
2007.
Espace comprenant
un lion symbolisant les relations de coopération entre Ouagadougou et Lyon.
Elle est située en face de l’Institut français Georges Méliès.
J.W.B
Sources :
Mairie centrale, DAPA
bel article!
RépondreSupprimerMerci
SupprimerArticle très intéressant et instructif par sa thématique.
RépondreSupprimerMerci! Vos avis et suggestions seront les bienvenus
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